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Le mois des fiertés
À l’origine du mois des fiertés, une révolte. Cette brève histoire revient sur les événements fondateurs de 1969, met en lumière les figures souvent oubliées de la lutte LGBT+, et rappelle combien cette mémoire reste vive face aux discriminations actuelles.
Chris Jean
6/16/20253 min read


Mémoire, luttes et visibilité d’un mouvement mondial
Dans les années 1960, aux États-Unis comme dans de nombreux pays, l’homosexualité était encore considérée comme un crime ou une pathologie. La transidentité n’était ni reconnue ni comprise, et les personnes LGBTQIA+ vivaient sous la menace constante des violences policières, sociales ou institutionnelles. Les bars, lieux de rencontre ou simples rassemblements étaient régulièrement ciblés, criminalisés, humiliés.
Le 28 juin 1969, une descente de police au Stonewall Inn, bar new-yorkais fréquenté notamment par des personnes homosexuelles, trans et racisées, tourne au soulèvement. Pendant plusieurs jours, des dizaines de personnes résistent. Parmi elles, deux figures majeures émergent : Marsha P. Johnson, femme noire transgenre, et Sylvia Rivera, militante trans latino-américaine. Ce moment, à la fois tragique et fondateur, marque un tournant : les marges s’organisent, les voix s’élèvent, la colère devient politique.
Un an plus tard, en juin 1970, naissent les premières marches des fiertés à New York, Los Angeles, San Francisco et Chicago. Elles s’étendront peu à peu au monde entier, faisant de juin le mois symbolique de la visibilité, de la mémoire et de la résistance LGBTQIA+.
Une célébration… et une lutte toujours actuelle
En Suisse, les Pride sont aujourd’hui organisées dans plusieurs villes — Genève, Lausanne, Bienne, Zurich, Fribourg, Neuchâtel — mêlant défilés, concerts, conférences, espaces de parole et soutien communautaire. Mais si les couleurs sont joyeuses, la lutte reste urgente : les actes de haine, les discriminations dans le logement ou au travail, les obstacles juridiques et médicaux persistent.
Les personnes trans, non-binaires, migrantes ou en situation de handicap, à l’intersection de plusieurs oppressions, restent les plus exposées à la précarité et à l’exclusion. Le mois des fiertés est donc bien plus qu’une commémoration festive : c’est un rappel des violences passées, une affirmation de l’existant, et un engagement vers un avenir plus juste.
Pour aller plus loin
Suggestions de lecture
– Stonewall, Martin Duberman (biographie historique)
– Transgender Warriors, Leslie Feinberg (féminisme et luttes trans)
– Let the Record Show, Sarah Schulman (histoire de la lutte contre le sida)
– Le rose et le noir, Frédéric Martel (les homosexuels en France depuis 1968)
– Le Genre expliqué à celles et ceux qui sont perdu·es, Lexie (manuel pédagogique)
Sources
– Archives de la New York Public Library sur les émeutes de Stonewall
– The Death and Life of Marsha P. Johnson, documentaire, Netflix, 2017
– ILGA Europe – Rapports sur les droits LGBTQIA+
– Pink Cross et LOS – Associations suisses LGBTQIA+
– RTS Info – Dossiers et interviews sur les Pride suisses
Le mois des fiertés célèbre les luttes, les identités et les existences LGBTQIA+ dans toute leur diversité. Il s'agit à la fois d’un acte de mémoire, d’un espace de visibilité et d’un temps de mobilisation.


"Liberté" – Paul Éluard, 1942 (extrait)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté