Les arts et la créativité pour l'épanouissement
Cet article est proposé librement, avec le soutien de la maison d’édition et de culture suisse Mardès, ainsi que de Marlena’s Home, où se rejoignent raffinement et bien-être.
De la maison à l’ermitage : voyages poétiques et sociologiques au cœur des refuges intérieurs
Dans un monde où l’âme poursuit inlassablement ses refuges intérieurs, ce texte s’avance parmi les métaphores de l’abri : la maison qui recueille les songes, la cabane qui dialogue avec la forêt, l’ermitage qui déploie son silence. Inspiré par l’imaginaire de Gaston Bachelard et habité par une lecture sociologique contemporaine, il esquisse une respiration nouvelle : celle d’espaces vécus comme des paysages intimes, où se rejoignent le rêve, la mémoire et le soin. Musarthis convie à cette traversée sensible, là où l’art d’habiter devient une manière d’exister — présence, renaissance et reliance délicate au monde.
ART DU BIEN-ÊTREDESIGN & BIEN-ÊTRE
Musarthis Team
9/24/20254 min read


Maison, cabane, ermitage : l’abri intérieur selon Bachelard, entre poétique et sociologie
Pour Gaston Bachelard, la maison est un cosmos intérieur, un espace de mémoire profonde où chaque recoin devient foyer de rêverie, d’intimité et de protection. La cabane, en appel vers l’essentiel, et l’ermitage, figure du retrait radical, complètent cette triade de l’abri. Trois formes, trois intensités d’habiter, trois réponses au besoin de refuge.
Au-delà de la poésie, ces figures révèlent aussi une portée sociologique. La maison n’est pas seulement le lieu de l’individuel ; elle incarne un centre de relations, un théâtre de transmissions, d’identités et d’appartenances. Dans son foyer se tisse un microcosme social, lieu de rituels et de partages, où le nous prend forme et demeure. Christian Norberg-Schulz rappelle d’ailleurs que tout habiter s’enracine dans le « génie du lieu », dans cette correspondance subtile entre l’espace et l’être. Michel de Certeau, quant à lui, souligne que les pratiques ordinaires transforment l’espace en territoire vécu, en récit silencieux inscrit dans la texture du quotidien.
La cabane, si elle évoque l’épure et la rêverie solitaire, devient aussi signe de résistance ou d’alternative. Dans l’imaginaire d’artistes, de collectifs écologiques ou de nouvelles générations en quête de sobriété, elle incarne une rupture avec l’urbanité saturée : un appel vers des liens plus simples, durables et authentiques. Comme le nid dans lequel l’oiseau trouve une fragile sécurité ou la tente dressée pour un passage éphémère, elle manifeste la possibilité d’une vie allégée, mais intensément habitée.
L’ermitage, quant à lui, porte l’extrême du retrait. Dans une société d’hyperconnexion, il répond à la quête d’une solitude choisie, d’un espace où se reconstruire. Mais loin d’isoler, ce geste relie à un collectif invisible : celui des chercheurs de sens, des voyageurs intérieurs qui partagent des valeurs communes sans habiter le même lieu. Ici encore, l’image d’une chambre intérieure, telle un sanctuaire intime, résonne comme prolongement de ce désir de retrait fécond.
Ainsi, maison, cabane et ermitage sont des abris au carrefour de l’intime et du collectif. Ils révèlent les tensions de notre époque : entre présence continue et désir de retrait, entre dispersion des liens et recherche de reconnexion. L’abri, en même temps qu’il protège, délimite ; en même temps qu’il rassemble, il dessine la frontière du privé.
Musarthis invite à contempler ces abris comme des laboratoires sensibles, des lieux où s’inventent de nouvelles hospitalités, où s’éprouve la résilience psychique et sociale. La maison, la cabane, l’ermitage — mais aussi le nid, la tente, la chambre intérieure — deviennent alors des espaces à rêver et à partager, matrices de présence où se redessinent les formes d’un vivre-ensemble poétique. Dans ces paysages intimes, l’art d’habiter se révèle comme une respiration profonde, une manière d’exister en reliance douce avec le monde.
Références principales
Bachelard, Gaston. La poétique de l’espace. Paris : PUF, 1957.
Bernard, Antoine. « Habitabilité et poétique de la cabane en milieu boisé », Université Laval, 2016.
Gainche, Lilouanne. « Cabanes hétérotopie & », mémoire, 2022.
Schnider, Jody. « La cabane, entre image primitive et réflexion », 2019.
Delbrassine, N. « La vie de la maison », 2018.
Illustration : Verly Amé


Mardès, maison d’édition, de culture et de transmission
Mardès est une maison inclusive et moderne qui publie des recueils, des essais, des magazines et des ouvrages liés aux arts de vivre. Elle conçoit aussi des événements culturels et artistiques, porteurs de réflexion et de partage.
Sa mission est double : éditer et transmettre. Transmettre la poésie, la pensée et les gestes du quotidien qui facilitent l’existence et enrichissent la sensibilité.
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