Les arts et la créativité pour une résilience poétique.

ENTRETIEN AVEC JANTI SABAK

Auteur, interprète et créateur d’émotions, Janti Sabak nous parle de résilience, de liberté, et de cette voix intérieure qui, un jour, a choisi de chanter. Un échange sincère avec un artiste qui transforme ses silences en lumière.

Marlena Des

7/8/20255 min read

La voix et l'art comme refuges

C’était un après-midi d’été à Montreux. J’avais quitté une exposition, encore imprégnée d’images et émue par l'oeuvre d'Audrey Piguet , lorsque des sons m’ont appelée. Une voix, une présence. Une émotion pure.

Sur scène, Janti Sabak chantait. Pas seulement des notes, mais des silences brisés, des blessures apprivoisées, des fragments d’âme offerts avec pudeur. Je suis restée là, touchée par cette sincérité rare, par ce talent,  et j’ai su que cette rencontre devait se poursuivre par les mots.

Sur musarthis.ch, notre magazine en ligne dédié aux voix sensibles, à la résilience poétique et à la liberté d’être, nous avons à cœur de faire entendre celles et ceux qui transforment leurs blessures en lumière. Cet entretien s’inscrit dans notre mission : célébrer les artistes qui, par leur parcours et leur art, ouvrent des chemins d’émancipation et de beauté.

Dans les lignes qui suivent, Janti évoque les épreuves qui l’ont forgé, la musique comme exutoire, et son rapport profond à la liberté d’être. Il y parle de silence, d’amour, de résilience, et surtout… de transmission. Car certaines voix ne cherchent pas la lumière. Elles l’incarnent.

1. Janti, votre parcours est marqué par une grande résilience et une quête d’authenticité. Quelles ont été les étapes les plus déterminantes dans votre cheminement personnel et artistique ?

Mon parcours artistique est directement lié à mon parcours personnel, car dans mes textes et dans ma musique, je parle uniquement de choses que j’ai réellement vécues.
La résilience et cette quête d’authenticité viennent surtout du fait que, par mes origines et mon éducation très stricte et religieuse, je n’ai jamais vraiment eu la permission d’exprimer qui j’étais. Je n’ai jamais ressenti ce sentiment de liberté où je me sentais à 100 % aligné avec moi-même.
Écrire et composer m’ont permis de me libérer.
L’étape la plus importante pour moi a été de pouvoir m’installer en Suisse. Ce départ a été comme une coupure avec les personnes et les environnements qui me faisaient taire. Le fait de prendre mon indépendance m’a donné une liberté énorme.
C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai commencé à écrire mes propres chansons, sûrement parce que, pour la première fois, je me sentais en accord avec mes pensées, mes expériences, mes amours.

2. Vous vous définissez comme un « briseur de silences ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous, et comment ce rôle s’exprime-t-il dans votre art ?

Quand j’ai sorti la chanson « Silent Screams », un média queer de Genève a publié un article où il me qualifiait de “briseur de silence”.
J’ai tout de suite adoré cette expression, parce qu’elle résume parfaitement mon parcours, surtout sur le plan personnel. Cette chanson parle principalement de mon coming out, mais au fond, elle touche à bien plus que ça : la dépression, les troubles du comportement alimentaire, la solitude, les maladies mentales ou physiques… Toutes ces douleurs silencieuses qu’on garde en soi, faute de pouvoir les dire.
« Silent Screams » est une invitation à faire comme moi : à crier ce qu’on n’arrive pas à exprimer. C’est un processus long, difficile, intime, mais pour moi, ça a été profondément libérateur.
Depuis sa sortie, j’ai reçu de nombreux messages, notamment de personnes queer, qui m’ont remercié de parler de ce genre de sujets. Mais il y a un moment que je n’oublierai jamais.
Un soir, pendant un live à Genève, je chantais « Silent Screams » en acoustique avec ma guitare dans une salle très intime. Au premier rang, il y avait une jeune fille. En plein milieu du morceau, elle s’est effondrée en larmes.
J’ai dû arrêter la chanson, prendre un moment pour m’assurer qu’elle allait bien, et lui demander si elle souhaitait que je continue. Après le concert, elle est venue me voir. Elle m’a dit que cette chanson lui avait fait du bien, qu’elle vivait un moment difficile, et que mettre des mots sur sa peine, même à travers moi, l’avait soulagée.
C’est ce soir-là que j’ai compris que ma voix pouvait aussi porter celle des autres.
Et c’est exactement ça, pour moi, être un “briseur de silence” : oser dire, pour ouvrir la voie à ceux qui n’en ont pas encore la force.

3. Votre musique et vos textes abordent des thèmes profonds comme la solitude, l’acceptation de soi et la liberté d’expression. Comment l’art vous a-t-il aidé à vous libérer et à inspirer les autres ?

J’ai toujours ressenti un fort intérêt pour l’art, sous toutes ses formes. Très jeune, je trouvais déjà des moyens de m’exprimer à travers le dessin, la danse, ou d’autres disciplines. L’art a toujours été pour moi un espace de liberté, un langage à part entière.
Mais un jour, j’ai ressenti un besoin nouveau, très puissant : celui d’écrire mes propres chansons.
À l’époque, je jouais de la guitare dans des bars, je faisais uniquement des reprises, et je n’avais encore jamais pensé à écrire mes propres chansons. Mais après une rupture amoureuse très difficile, j’ai ressenti ce besoin profond de mettre des mots sur ma peine. L’écriture et la composition sont devenues ma thérapie.
Depuis ce jour, dès que je vis quelque chose d’intense, je m’assois et j’écris. C’est devenu mon réflexe, mon exutoire. Je transforme mes émotions en musique, et ça me libère.
Comme je l’ai raconté plus haut, cette jeune fille en larmes pendant un live m’a profondément touché. Mais au-delà de cette scène marquante, je reçois beaucoup de messages de soutien, notamment de la communauté LGBTIQ+, et je trouve ça formidable.
Ces retours me montrent que ma musique dépasse mon histoire personnelle. Elle devient aussi un espace où d’autres peuvent se reconnaître, se libérer à leur tour, ou simplement se sentir moins seuls. Et c’est pour ça que je continue.

Quand la musique rencontre les mots justes,
le monde intérieur s’éclaire d’une lumière nouvelle.
Les sons deviennent souffle, les silences deviennent sens.
C’est une caresse qui pense, une pensée qui danse.
Et soudain, tout résonne — avec grâce.

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🎼 Un musicien rare. Une parole habitée. Une sensibilité en résonance avec l’âme de Musarthis.

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🪶 Parce que certaines voix méritent une attention pleine.