Les arts et la créativité pour l'épanouissement

Cet article est proposé librement, avec le soutien de la maison d’édition et de culture suisse Mardès, ainsi que de Marlena’s Home, où se rejoignent raffinement et bien-être.

Sarah Peguero : Chambres émotionnelles

Dans cet entretien, Sarah Peguero évoque son atelier comme un univers secret, la nuit comme complice de création et la couleur comme langage intime. Ses toiles se dévoilent comme des chambres émotionnelles, des refuges sensoriels où la matière respire et où l’invisible se laisse approcher.

Marlena Des

8/29/20255 min read

Sarah Peguero : l'entretien en ligne

Dans le secret de son atelier, Sarah Peguero construit des lieux qui n’obéissent à aucune règle visible.
C’est un monde parallèle où l’intuition guide le geste, où la nuit ouvre ses portes silencieuses, où l’or, le pastel et le fusain deviennent souffle, trace et lumière.
Née en République dominicaine, installée au Danemark, elle traverse les cultures comme on traverse des paysages intérieurs : chacune laisse en elle une empreinte, un rythme, une couleur, qui viennent se déposer dans ses toiles comme autant de fragments de mémoire universelle.
Ses peintures ne décrivent pas : elles inventent des refuges. Ce sont des chambres émotionnelles où l’on entre sans frapper, des architectures sensibles où la couleur respire, des espaces intimes qui accueillent le regard et l’invitent à se faire toucher par l’invisible.

Ton atelier est décrit comme un univers secret, secondaire. Quel rôle joue cet espace dans ta vie — que t’offre-t-il que le monde extérieur ne t’apporte pas ?

Quand j’entre dans mon atelier, c’est comme pénétrer dans un univers parallèle — un espace où tout peut arriver. Dehors, le monde a ses règles. Ici, il n’y en a pas. Je suis libre de rêver, de jouer et de suivre entièrement mon intuition. C’est là que vit la magie.

Tu peins souvent la nuit, lorsque tout se calme. Est-ce un temps d’architecture intérieure — un espace où façonner ce que le jour fait taire ?

Absolument — c’est exactement cela. Je peins le mieux quand il fait nuit dehors. Il y a quelque chose dans le silence de la nuit qui ouvre en moi un espace différent. Pas de bruit, pas d’attentes — seulement moi, les couleurs et ce qui veut surgir. Tout à coup, il y a de la place pour ressentir, écouter, créer.

Ta palette évoque des lieux méditatifs, presque sacrés. Qu’est-ce qui t’inspire à créer des « chambres émotionnelles » — des espaces qui se ressentent plus qu’ils ne se voient ?

Je crois que j’essaie toujours de peindre un sentiment plutôt qu’une scène. La couleur est mon langage — elle construit des chambres émotionnelles où les gens peuvent se reposer, se souvenir, ou simplement être. Je ne les planifie pas. Elles apparaissent quand je suis ce qui est vrai dans l’instant. Je dis souvent : je ne peins pas, je joue !

Les corps que tu peins ne sont ni exposés ni centraux — ils semblent traverser des zones symboliques. Quelle est ta relation à la figure humaine comme structure ?

Pour moi, la figure humaine n’est pas le sujet — c’est plutôt une présence, ou une trace. Je ne m’intéresse pas au corps comme anatomie, mais comme émotion, mémoire, énergie. Il traverse mon travail comme un fantôme — pas pour être regardé, mais pour être ressenti.

Tes matériaux de prédilection — pastel, fusain, or — invitent à une lecture tactile. Le toucher invisible fait-il partie de ton approche de la spatialité ?

Oui, absolument. Les matériaux que je choisis sont ma manière d’inviter au toucher sans toucher. La douceur du pastel, la rugosité du fusain, l’éclat de l’or — ils créent une sensation, un espace dans lequel on peut presque entrer. Pour moi, le toucher invisible — la texture, les couches — est la respiration et la vie de la peinture.

Tu as vécu dans différents pays et cultures. Cette multiplicité t’a-t-elle offert plusieurs manières d’habiter le monde — et donc de le peindre ?

Certainement. Vivre dans des endroits différents m’a ouvert de nombreuses façons de voir et de ressentir le monde. Chaque culture apporte ses propres couleurs, ses histoires, ses rythmes, et ils se mélangent tous dans ma peinture. C’est comme transporter un petit univers d’expériences dans chaque coup de pinceau.

Si tu pouvais suggérer un artiste ou une âme créative pour Musarthis, quelle voix ou vision aimerais-tu voir mise en lumière ?

J’adorerais voir Yahel Yan. Son Instagram : yahel.yan.art

Regarder une toile de Sarah Peguero, c’est s’aventurer dans un lieu qui échappe aux contours du visible.
Les corps y circulent comme des présences discrètes, non pas à observer mais à ressentir ; les matières s’y répondent comme des voix intérieures — la douceur du pastel, la rugosité du fusain, l’éclat souverain de l’or.
Chaque œuvre est une halte, une demeure fragile où la mémoire trouve un repos, où les émotions retrouvent un souffle, où la nuit continue de vibrer sous la surface des couleurs.
Ses toiles ne se contentent pas d’exister devant nous : elles nous ouvrent un passage vers l’intime, elles nous rappellent que la peinture peut encore être un lieu de recueillement, un abri poétique où l’on vient se déposer.

Mardès, maison d’édition, de culture et de transmission
Mardès est une maison inclusive et moderne qui publie des recueils, des essais, des magazines et des ouvrages liés aux arts de vivre. Elle conçoit aussi des événements culturels et artistiques, porteurs de réflexion et de partage.
Sa mission est double : éditer et transmettre. Transmettre la poésie, la pensée et les gestes du quotidien qui facilitent l’existence et enrichissent la sensibilité.
Grâce à son soutien, plusieurs contenus de Musarthis demeurent librement accessibles, affirmant une vision généreuse et élégante de la culture.

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Crédits photos : Sarah Peguero

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